Lucho Gonzalez : Joueur de classe mondiale, ou totalement surcoté ?
Cet été, lors d’un mercato estival mouvementé, l’Olympique de Marseille faisait signer à la surprise générale Lucho Gonzalez, capitaine du FC Porto, international argentin, pour 18 M. Soit le transfert le plus cher de l’histoire du Club.
Les attentes engendrées étaient de ce fait très importantes, et on peut le dire, Lucho n’a pas encore totalement répondu présent.
Est-il mal utilisé ? Pas adapté ? Ou simplement surcoté ?
Pour commencer, comment ne pas parler du style de l’Argentin ?
En effet, s’il ne fait pas l’unanimité, on peut dire que c’est dût à un style hors du commun.
Le natif de Buenos Aires ne remplit absolument pas le critère principal de réussite à l’OM et de communion avec le public : le « mouillage de maillot ».
« El Flaco » court peu, voir très peu et manque cruellement de percussion.
En somme, pour y aller franchement, je dirais qu’il n’amuse pas la galerie et qu’aujourd’hui, la qualité de dribbles est le critère principale de popularité (il suffit de regarder les derniers ballons d’Or à vocation offensive: Messi, Cristiano Ronaldo, Kakà, Ronaldinho ont un style basé sur le dribble et la percussion).
Mais Lucho Gonzalez n’est pas ça, et voir un joueur à 18M si peu spectaculaire est de ce fait un échec pour la plupart.
Mais dans le football, rien n’est plus efficace qu’une passe, un dribbleur n’est rien sans un passeur, mais un passeur reste indispensable quoi qu’il arrive.
Et nous pouvons considérer Lucho comme un joueur de cette catégorie. Il voit tout plus vite que tout le monde, Comme lors de l’ouverture du score à Nice de Niang, où il vient distiller une passe sublime pour Abriel dans le dos de la défense, où contre Montpellier avec ce chef d’œuvre de passe pour Edouard Cissé.
Lucho Gonzalez dépasse très rarement les 2 touches de balle, preuve d’une vision de jeu extraordinaire.
Ce manque de courses que l’on peut lui reprocher lui permet d’un autre coté de gagner une lucidité totale dans ses transmissions de balle, et on peut le dire, sur ce point là, Lucho régale. Mais encore faut il que ses coéquipier suivent. Mais ses courses sans ballon, bien qu’économiques, sont toujours très intelligentes, et ses nombreux buts de « renard des surfaces » le récompensent à chaque fois.
- Un joueur dépendant du collectif.
Mercredi soir, à Toulouse, lors de la première mi-temps, nous avons vu un grand Lucho. Toujours en rythme avec ses coéquipiers, son entente avec Valbuena a fait des ravages. L’ancien Libournais, très mobile, créateur de brèches est une bouffée d’oxygène pour l’Albiscete.
Lucho a besoin de mouvements autour de lui pour pouvoir s’exprimer, et c’est selon moi la principale raison de six premiers mois mi-figue mi-raisin. Le manque de mouvements criant depuis le début de saison rend Lucho maladroit, parfois inutile.
Mais comment voulez-vous qu’un joueur trouve des espaces si ses coéquipiers ne sont pas capables d’en créer?
Ses meilleurs matchs à l’OM pour le moment sont les plus aboutis collectivement par l’équipe phocéenne (Toulouse en CdL première période, Milan, Montpellier au match allé, Nice…), bien plus qu’une simple coïncidence.
Le match à Toulouse a été une démonstration de ce que pouvait faire Lucho, et ce qu’il ne pouvait pas faire : en première mi-temps auteur d’un récital, absent en seconde mi-temps lorsque son équipe était sevrée de ballon. Et son mauvais match à Bordeaux appuie également cet argument.
- Physiquement à la peine.
Le milieu de terrain argentin, on peut le dire, depuis son arrivée, souffre d’un déficit physique conséquent. La ligue 1, est un championnat plus athlétique, engagé que les championnats portugais et argentins, plus avantageux pour les techniciens.
Les deux blessures de « El Commandiante » sont donc la conséquence directe d’une différence d’engagement et de physique. De ce fait, en enchainant blessures et pépins physiques, comment voulez-vous qu’un joueur puisse retrouver son meilleur niveau au plus vite ?
De mieux en mieux physiquement, on ose penser que le meilleur est à venir.
- Une difficulté d’adaptation tactique.
Tantôt milieu droit dans un milieu en losange (M’Bia dans l’axe-Cheyrou-Lucho-Abriel), tantôt meneur de jeu dans ce même système (en permutant avec Abriel), ou simplement relayeur dans un 4-3-3, on ne peut pas dire que l’ancien joueur de River Plate se soit révélé à une position particulière pour le moment. Lui a-t’on laissé le temps ? Surement pas. Ces changements incessants de position ne lui ont surement pas été bénéfiques dans le but d’une éventuelle adaptation.
Pourtant, si le poste de relayeur était évident à Porto, dans un championnat moins physique, son déficit physique vu précédemment l’empêche de pouvoir montrer la même aisance à ce poste.
Tout d’abord car Lucho, n’est en rien un joueur à vocation défensive, souvent absent lorsque l’OM n’a pas la maîtrise du ballon (Real, Bordeaux à Chaban-Delmas…). Il ne remplit pas défensivement les conditions nécessaires pour jouer à ce poste. Offensivement, le poste de relayeur n’est pas avantageux car, si au Portugal le ballon se gagnait techniquement au milieu, en France, l’engagement est bien plus important, ce qui nous renvoie au problème précédent.
Le rôle de meneur de jeu semble donc aujourd’hui le plus intéressant. Défensivement, seul un travail de pressing et de gène des relances est demandé. Offensivement, il se retrouve plus proche de la ligne d’attaque et peut d’avantage créer.
- Une efficacité indéniable.
Lucho à l’OM, c’est 5 buts et 6 passes décisives toutes compétitions confondues, pour aucun coup de pied arrêté ! C'est-à-dire que Lucho Gonzalez n’a fait la différence que dans le jeu et ne profite pas sur un plan statistique, à l’inverse de Nenê ou Gourcuff, des coups de pied arrêtés.
Gourcuff, joueur a grande côte en L1, a fait 7 passes décisives dont 4 coups de pied arrêtés.
Et oui, ca parait incroyable, mais même sans être à plein régime, il semblerait que ce joueur réussisse à avoir une efficacité de haut vol. Ses courses intelligentes sans ballon lui permettent, comme je le disais précédemment, de marquer 5 buts.
Lucho Gonzalez est donc un échec, car sa mission initiale était de porter l’OM à bout de bras, mais sa dépendance du collectif et son déficit physique l’en empêche.
Mais en modifiant les attentes, en comprenant que ce joueur peut être extraordinaire dans un collectif bien huilé, on pourra parler de grande satisfaction à terme.
Du moins espérons-le…